18 mars 2017 à 17:59

Histoire & archéologie I

Voici un très beau  travail  de recherche d'archive et un texte que nous devons à notre amis Franck Dugas

 

 

QUAND IL FALLAIT PASSER LE BAC POUR ALLER EN FORÊT

Pour ceux qui viennent du village des Arcs pour se rendre dans la Forêt communale il paraît naturel de passer sur le pont de pierre qui enjambe l’Argens, puis sur le pont de fer jeté au-dessus de la mescla de l’Argens et de l’Aille. Mais pour arriver là il faut emprunter le chemin du bac ou chemin de la barque.


Car c’est bien un bac qu’il fallait prendre pour aller en forêt bien avant la construction du pont de fer dit « pont Eiffel », et c’est l’histoire de la construction de ce bac que nous allons vous faire découvrir. Car avant la construction de ce dernier la seule solution était de traverser l’Argens à gué par le « long gué »quand les eaux étaient basses.


Un document daté du 13 novembre 1842 précise : « La commune des Arcs possède une vaste forêt sur la rive droite de la rivière d’Argens dans laquelle on parvient difficilement à cause de la rivière qu’il faut traverser, ce qui n’est pas toujours praticable…la commune a cru devoir établir un bac sur cette rivière vis à vis la bastide du sieur Cabasse située à peu de distance du bord de la rivière et par conséquent bien placée pour y loger le barquier affecté au service du bac... Le bac sera établi en dessous de la bastide du sieur Cabasse située sur la rive gauche de la rivière d’Argens. Le matériel à construire pour établir le passage sera composé d’une barque garnie de tous ses agrès et d’un câble fixé au moyen de trois poteaux plantés sur le bord de la rivière… La barque aura 9m00 de longueur de tête en tête…sa plus grande largeurs sera de 3,00 m…et la hauteur totale de la barque sera de 0,80m…Le câble aura une longueur totale de 85 mètres sur 0,17 mètres de circonférence, le mètre coutant d’un pareil câble pèse 2kg35. Son poids total sera donc de 199,75kg. Il sera fixé sur un poteau planté à 10,00 m du bord de de la rivière sur la rive droite par un de ses bouts et l’autre viendra se rouler sur un tour soutenu sur deux poteaux plantés en face au-dessus des plus hautes eaux…Ce câble sera fait en forme de grelin et confectionné avec du chanvre dit de premier brin ».


Sur ce document il est précisé : «  l’ensemble de l’ouvrage devra être réalisé en bois de chêne, les planches de bordage seront en bois de pin de 3 centimètres d’épaisseur… Il sera établi à l’intérieur un plancher élevé de 0,30m par rapport au fond, ce plancher servira à faciliter l’entrée et la sortie des bêtes chargées…Le gouvernail sera formé d’une pièce en pin de 5,00m de longueur sur 0,08 de diamètre moyen, l’extrémité sera munie d’un bout de madrier plongeant dans l’eau…Le calfatage sera effectué en poussant de l’étoupe goudronnée au moyen de ciseaux de calfat…on terminera enfin en passant sur toute la surface extérieure de la barque une forte couche de brai bien liquide auquel on aura ajouté une partie de goudron... L’intérieur sera peint avec du goudron mêlé avec de l’ocre rouge… ».


L’estimation des matériaux utilisés et leur coût indique : « il sera utilisé 1,03 m3 de bois de chêne, 2,62 m3 de bois de pin, 70 kg de fer forgé pour le chevillage, clouage et chaîne, 36,5 m2 de calfat, 35,6 m2 de peinture au goudron, 3 poteaux, 1 câble de 85m de longueur et 86 m3 de remblai pour l’établissement et le passage de la rampe sur la rive gauche. Le présent devis et détails estimatifs s’élevant à la somme totale de quatorze cent onze francs trente-huit centimes ».


Après l’ouverture officielle du pont de fer de la Tournavelle à la circulation en 1909 l’utilisation du bac est abandonnée. De sa présence et de son existence ne subsistent que ce document, le nom d’une route et la rampe d’accès sur la rive gauche de l’Argens.

 

Franck DUGAS
Février 2014

 

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